Nigériane, son œuvre est une parabole contre les contes de fées américains, où elle grandit. Lʼessence de son travail conteste la mythologie de la femme noire, par les contrastes de son individualité. Lʼintersectionnalité des luttes est imbriquée dans la peinture dʼAbi Salami, intimement vécue : être femme, noire, artiste. Face à une invisibilisation ressentie, ses toiles prennent lʼespace. Elle sʼautorise, se réinvente et sʼautorise à réinventer. Mouvement continu et transformateur de sa création, The fiction of control est un regard sur sa propre condition, une perspective hors-contrôle.
Critique anticapitaliste en toile de fond, Abi Salami peint lʼobsession du contrôle des sociétés et spécifiquement des femmes. Autour de ces combats, Abi Salami crée son alphabet, se présentant au monde par son plus intime visage, sa peinture. Dans le théâtre de nos interactions sociales, face aux discordances entre le nous des coulisses et celui de la scène, elle esquisse de nouvelles allégories. Intuitif, cʼest un cheminement que nous propose lʼartiste, une lecture visuelle de ses évolutions.
Après avoir marqué les esprits par ses œuvres présentées au sein de lʼexposition Blackness lors de la 1-54 Marrakech, la réflexion dʼAbi Salami prend un nouveau tournant en sondant les strates constitutives de la notion de contrôle. Dans ce nouveau projet, le coup de pinceau se libère et suit une expression impulsive. Extériorisant ses propres doutes, lʼartiste crée une mythologie personnelle où des êtres hybrides signifient une conscience tiraillée entre désir de contrôle et consentement passif. Édifiant des paysages confus où lʼurbain et la nature sʼamalgament, Abi Salami interroge aussi bien les dépendances que les potentiels dʼaffranchissement dʼune instance de contrôle multiple.