Lʼœuvre de Béchir Boussandel est tant spatiale que temporelle. De ses visions oniriques, rendues concrètes dans toute leur abstraction sur le support plat ou volumineux de son travail, la mobilité est engagée. Le regardeur doit se déplacer pour en saisir lʼessence.Véritable mise en volume de sa peinture, les territoires de Béchir Boussandel prennent une dimension immersive, sʼextrayant du cadre. Territoires instables, le déplacement nʼest plus horizontal, sensible au sens de lecture, mais vertical. Lʼartiste nous amène dans une perte de repère presque totale.
Forte attache au sol, tant dans le processus que par les suspensions marquant ce pont entre astral et terrestre, lʼartiste nous redresse. Le procédé est physique, près du sol, travaillant horizontalement à donner à voir une verticalité. Entre deux lignes, le regardeur comme les flotteurs, sont entre air et eau, air et terre. Déplacement continu dont la destination est inconnue, lʼabstrait devient spatialisé. Le lino se contracte, lʼeau découpant les traces, accentuant les volumes, les équilibres. Tributaires des éléments, cʼest pourtant un territoire utopique que Béchir Boussandel modèle reprenant possession des lieux. Les éléments se répondent, oscillent.
Monstration de nos appartenances, les grandes toiles de Béchir Boussandel se réapproprient nos démarcations intimes, nos barrières personnelles. Les moments vécus deviennent souvenirs. Comme les frontières, passages de perception individuelle, codifiées, lʼécoulement du temps devient une variable personnelle, conscientisée. Récits pluriels, la ligne blanche, celle du parcellaire est contournée, le regardeur est à vol dʼoiseau. Conservant ce point de repère, de lʼentre- deux, la perte de repère devient le signet. La question des délimitations, de leurs passages, de mondes distincts est interrogée, comment percevoir nos appartenances, témoigner de leurs mouvances? La recherche constante de Béchir Boussandel sʼincarne dans les installations au sein de sa peinture, ses réflexions sur la composition. Le temps se mesure par les éléments figuratifs cherchés par le regard, leur répétition indiquant le passage dʼun territoire à un autre, rythmant lʼespace.
La Galerie des Résidents de la Fondation Montresso* accueillera la présentation de IMAGOS, croisement des univers de l’artiste franco-marocaine Mouna Saboni et sud-africaine Barbara Wildenboer.
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